Mathilde

Directrice de CIO

Mathilde est psychologue de l’Éducation nationale et directrice d’un Centre d’Information et d’Orientation (CIO) en Seine-et-Marne. Depuis son poste, elle œuvre chaque jour pour repérer et accompagner les jeunes en situation de décrochage scolaire.

"Notre objectif, c’est pas de faire à leur place, mais de les aider à redevenir acteurs de leur vie."

Dans les CIO, vous accompagnez les jeunes. Quelles sont les problématiques liées ?

Nous avons un rôle essentiel dans le repérage et l'accompagnement des jeunes décrocheurs. On parle souvent de « jeunes sans solution », parfois même de « perdus de vue ». Ce sont des adolescents qui, pour des multiples raisons - échec scolaire, exclusion, problèmes sociaux ou personnels - ont quitté le système scolaire sans réel projet.

Comment les repérez-vous ?

Chaque académie a ses outils. Chez nous, à Créteil, on utilise un logiciel appelé PEL - Parcours En Ligne. Les établissements doivent signaler tout élève absent de manière répétée ou sans réinscription après un échec. Cela alimente une base que nous exploitons au niveau local.

Et ensuite ?

On les contacte. On leur propose un accueil, un entretien avec eux et leur famille. On essaie de comprendre ce qu’il se passe, quels sont leurs besoins, leurs freins. C’est du cas par cas. On peut proposer un retour en formation, une orientation différente, un accompagnement psychologique ou social... Le réseau est large.

De quels réseaux parlez-vous ?

On travaille avec des chefs d’établissement, la MLDS, les missions locales, la maison des ados, des éducateurs spécialisés... Chacun apporte son regard. Moi, en tant que psy, je vais voir des choses qu’un CPE ou un éducateur ne verra pas, et vice-versa. On forme ce qu’on appelle une alliance de travail autour du jeune.

Quel est l’état d’esprit d’un jeune qui décroche ?

C’est souvent un jeune qui a perdu confiance, qui doute, qui ne croit plus en ses capacités. Parfois il faut juste lui redonner des repères, une écoute. Lui dire que l’échec, ça arrive. Que ce n’est pas une fin. On ne trouve pas les solutions à leur place, on les aide à se remettre en mouvement.

Un message à faire passer à ces jeunes ?

Tu n’es pas seul. C’est ok de ne pas aller bien, c’est ok de te chercher. Ce qui compte, c’est de venir en parler. On est là. Et on va t’aider à trouver le chemin qui te ressemble.